17 Février - Les troupes commencent à évacuer la Place. Déjà quelques compagnies sont en route, l'intendance et l'administration quittent Belfort demain à 11 heures, nous formons l'arrière-garde, c'est une cohue dans les rues on ne voit que soldats, mais quelle tenue: les uns en sabot, vautrés en savates et tout déguenillés, c'est vraiment pitoyable.
18 Février - Ce matin je remets les clés de la boucherie et de l'abattoir au capitaine, j'ai pris soin de distribuer à quelques malheureux qui se trouvaient par là tout ce qu'il restait de viande, lard, peaux, literie, etc. Ils ont tout enlevé, mes chefs me disent que j'ai bien fait. Il est onze heures ½, un colonel prussien arrive avec l'état-major, on leur remet les clefs et nous quittons; nous voici au faubourg de France, à midi sac au dos et fusil sur l'épaule. Les Prussiens sont rangés de chaque côté sur les trottoirs, l'arme au pied; ce n'est pas sans émotion que nous passons au milieu d'eux,
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